Bab Bou Jeloud

Bab Bou Jeloud est l’un des plus beaux et plus représentatifs accès à la médina de Fès. Peint aux couleurs de la ville, en bleu azur et blanc, il est comme un port permettant de voyager dans le temps.

Cette fameuse porte fut construite au XIIe s., à l'époque de l'agrandissement de la médina, et ensuite restaurée en 1913. Louis Hubert Lyautey, le préfet du Maroc dans les années 1912-1925, avait son cabinet à côté et c'est lui qui ordonna de faire peindre la partie extérieure de la porte aux couleurs de Fès, soit le bleu et le blanc, et celle intérieure en vert, la couleur de l'islam. Le bleu était censé inviter les voyageurs à entrer en paix dans la ville et le vert était une bénédiction donnée à ceux qui quittaient la médina. On leur souhaitait qu'Allah les guide pour le reste de leur voyage.

L’ouverture de la porte laisse voir deux minarets. Le premier, rénové et décoré d’une faïence verte, est celui de la mosquée de la médersa Bou Inania, et le deuxième appartient à la mosquée Abou el Hassan, datant de la même période.

La petite place à côté de la porte abrite divers restaurants et bars. Certains disposent de terrasses d'où, un verre de thé à la menthe marocain à la main, on peut admirer le panorama de la ville. Dans les autres, il est bien de prendre du jus d'oranges fraîchement pressées, des galettes et crêpes au miel, une portion de dattes ou même de la tête de mouton, un régal marocain.

Sur la place Bou Jeloud, il y a également un accès au marché alimentaire (souk) où l'on vend de l'agneau et au bœuf. Suspendus aux crochets, derrière les comptoirs des petits stands, on voit des quarts entiers de carcasses bovines. La viande, des pigeons entérine dans les cages, est la base d'un bouillon et d’une galette farcie d'amandes, appelée pastilla. Le souk offre également des poules vivantes que les vendeurs tuent et rident si on le leur demande. Plus loin, on trouve un stand avec de la viande de chameau, visible de loin, car souvent une tête de cet animal y est pendue. Au Maroc, on considère que la viande de chameau a des propriétés médicinales et on la sert à des personnes en convalescence ou souffrant de tuberculose. On peut également y acheter un autre produit bénéfique pour la santé de l’eau de rose, idéale pour soulager les symptômes de l'insolation et les maux de tête Le souk propose enfin un grand choix de légumes, tels tomates, pommes de terre, poivrons, oignons, carottes et artichauts, soit ceux dont les Marocains aiment accompagner leurs plats de viande.

Parmi les visiteurs réguliers du souk qui se tient près de Bab Bou Jeloud il y a.… des chats. Ils y flânent librement, car, comme dans tout pays musulman, ils sont vénérés au Maroc La légende veut que le prophète Mahomet adorât tellement ces animaux qu'un jour il sauva même une famille de chats et transporta la chatte et ses petits protégés dans ses vêtements. La chatte, ignorant ses intentions, déchira sa tunique mais même ceci ne provoqua pas de haine chez Mahomet. On dit que c'est en mémoire de cet événement que les Arabes ne font pas de mal à ces quadrupèdes ronronnant. Certains Marocains croient d'ailleurs que les chats attirent les démons. Les mauvais esprits, ayant à choisir entre l'homme et le chat, optent pour l'animal, sauvant ainsi le fidèle musulman de la possession.

Cinéma Bou Jeloud

La médina de Fès bien que traditionnelle dès son origine, flirta un peu avec la modernité et ne sut résister à la magie du cinéma. Les stars du cinéma et leurs aventures attiraient surtout les femmes qui vivaient dans les harems.

À proximité de Bab Bou Jeloud (près de Derb Serraj), il y a le vieux cinéma Bou Jeloud, fermé de nos jours. Fatima Mernissi, écrivaine, féministe et sociologue marocaine née à Fès, décrit dans son livre Rêves de femmes : une enfance au harem la manière dont les femmes vivant dans un harem se préparaient pour sortir audit cinéma. Quand on projetait des films populaires, les femmes pouvaient assister à la séance. Avant de sortir, elles passaient des heures à s’embellir, à appliquer leur maquillage ou à onduler minutieusement leurs cheveux. Les enfants leur tenaient les miroirs et leurs amies les conseillaient pour se noircir les paupières, choisir le fard à joues, la coiffure ou encore la babouche, les bijoux. Quand elles étaient prêtes, elles se voilaient de pied en cap pour que personne ne puisse les voir.