Voyage dans le passé

Les touristes visitant Fès ont parfois l’impression que le temps s’y est arrêté il y a plusieurs siècles. La vieille ville du IXe s. et le quartier juif du XVe s. furent inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ils offrent non seulement des monuments haut de gamme mais permettent aussi d’avoir une idée de la vie des Arabes au Maroc au temps de sa splendeur.

Le nom de la ville vient de l’arabe fus qui veut dire pioche. L'outil en or et argent fut offert par les Berbères qui y vivaient au fondateur de la ville, Idriss 1er, le premier souverain musulman du Maroc, son fils et successeur, Idriss II agrandit la ville et la choisit pour son siège et comme capitale du pays. Fès devint alors une base militaire, naturellement protégée par les montagnes du Rif et le Moyen Atlas.

Un épisode crucial pour la ville, l’arrivée des deux sœurs de Kairouan en Tunisie, Fatima et Meryem el Fihriya. En 856, Fatima fonda à Fès l’université el Karaouiyne, considérée comme la première au monde, et Meryem fonda la mosquée des Andalous. Fès devint alors la capitale intellectuelle du monde arabe et une des plus importantes villes du nord-ouest de l’Afrique. Sa plus ancienne partie, entourée de murs en argile et pierre, c’est-à-dire sa médina, est appelée Fès el Dali. Son architecture dense se compose de maisons blanchies à la chaux, privées de fenêtres du côté de la rue et surmontées de toits plats, souvent utilisés comme terrasses.

Fès vécut son âge d'or au xiv* s., sous la dynastie des Mérinides (124S-1465). De nombreuses écoles coraniques furent alors créées, l'université el Karaouiyne se développa et un nouveau quartier, Fès el Jedid, fut construit, lequel compose de nos jours avec Fès el Bali l’Ancien Fès. C'est justement à Fès el Jedid que fut créé le palais des souverains et le premier quartier juif du Maroc (mellah). Deux siècles plus tard, les souverains du Maroc choisirent Marrakech comme siège. Ce n'est qu'au XIXe s. que Fès fut nommée la mère de toutes les villes marocaines et redevint la capitale. L'arrivée de l'aristocratie fit augmenter le prestige de la ville. À la fin du XIXe s., quand le Maroc souffrit d'une crise économique, Fès perdit sa position et la capitale du pays fut transférée à Rabat. Le pays se retrouva sous le Protectorat de la République française (1912-1956).

La ville nouvelle est souvent appelée ville française. On y trouve nombre de bars, pubs élégants ou boîtes de nuit imitant le style européen. L’artère principale, la prestigieuse avenue Hassan II, est la promenade la plus longue du Maroc avec ses 3 km de fontaines, sculptures, bancs en marbre et palmiers disposés en espalier, c’est le lieu de repos préféré ils s’y promènent, y rencontrent des amis et s’asseyent dans des bars ou cafés pour y prendre des glaces, des cocktails à base de lait et de fruits, du café ou du thé à la menthe.

Les différences culturelles entre ville nouvelle et la médina sont assez importantes. Dans la ville nouvelle, les Marocaines et les Marocains portent des jeans et t-shirts alors que dans la médina, considérée comme le bastion de la tradition musulmane, ce type de tenue n'est pas adéquat. Dans la vieille ville de Fès, tout le monde porte des djellaba (tenue marocaine traditionnelle sous forme de tunique) et les femmes cachent leurs cheveux sous des voiles. Le vendredi, jour correspondant dans f le monde islamique au dimanche chez les chrétiens, la médina devient déserte et silencieuse. Les ateliers et magasins ferment. Parés de blanc, les hommes vont à la mosquée alors que les femmes, restées chez elles, préparent le plat traditionnel du vendredi, soit le couscous (de la semoule de blé dur accompagnée d’une sauce de légumes cuits avec de l'agneau ou du bœuf). Les maisons et les ateliers fermés résonnent alors des enregistrements des imams récitant le Coran. Cinq fois par jour, en appelant les fidèles à la prière, les muezzins font entendre la beauté de leurs voix. Ils chantent du haut des tours de plus de 280 mosquées répandues dans la médina. L'ambiance du vendredi se fait sentir également dans les ruelles autour du mausolée Moulay Idriss où, à défaut de place dans le temple, les fidèles s'arrêtent pour prier. C'est pourquoi il est interdit de venir dans le terrain entourant le mausolée accompagné de bêtes de somme, dont la présence pourrait constituer un risque de pollution des rues par des excréments.

Dans les rues étroites de la médina, il n'est possible de transporter les marchandises qu'à dos d'âne ou de mule, ce qui est la meilleure manière d’approvisionner les magasins et manufactures de la ville en produits. Les passants cèdent la place aux animaux chargés et à leurs guides criant en arabe : * Jhilak, balaik ! », ce qui signifie « Attention I ». Dans les rues, il y a également des enfants courant avec des plateaux posés sur la tête et transportant ha pâle pour la fabrication du pain, La cuisson se fait dans des boulangeries, car les maisons, construites surtout en bois de cèdre, pour des raisons de sécurité, sont privées de grands fours que l'on remplace par des fours à gaz. Compte tenu des coutumes régnant dans la médina, des tenues qui y sont portées, des méthodes de fabrication artisanale pratiquées ou encore de l'aspect des maisons, on a l'impression qu’elle n'a en rien changé depuis le IXe s

Artisanat de Fès

La médina de Fès est pleine de souvenirs originaux du Maroc et les objets y sont vendus sont fabriqués à la main par des artisans de Fès. L’artisanat de Fès (env. 30 000 familles s’occupent de la fabrication artisanale d’objets du quotidien) l'industrie textile ou la transformation des fruits et légumes.

Le seul fait de pouvoir farfouiller les petits magasins des artisans, dont l’assortiment ressemble au trésor d’Ali Baba, constitue une attraction touristique. On peut y voir des artisans travailler des babouches en cuir, des sacs de voyages en cuir. Près de la médersa Bou Lnania, on réalise des articles en bronze, assiettes et bijoux ciselés à la main ou en alpaca (théière typique du Maroc). Les tapis marocains tissés à la main et les couvertures en laine naturelle de mouton et de chameau sont vendus près de la place Seffarine.  Dans la tannerie Chouwara on fabrique de la maroquinerie, babouche, chaussures marocaines traditionnelles, des vestes en cuir sac à main en cuir, des ceintures en cuir et des chaussons marocaines. A proximité des tanneries il y’a des manufactures ou l’on tisse des étoffes et des tissus faits de fils d’agave (appelés soie végétale).

Vive les promenades

La médina de Fès constitue un labyrinthe de plus de 9000 ruelles étroites et pavées, d'une longueur totale de 90 km et menant vers env. 14000 édifices. Bon à savoir : certains noms de rues trompent le touriste au lieu de le guider.

Les rues de la médina sont comme des enfants : elles aiment les surprises. Elles jouent avec les touristes à Colin-maillard en disparaissant à un coin ou un tournant, en fuyant en zigzag ou encore en serpentant pour ensuite revenir et se perdre sur une petite place. Elles se cachent derrière un âne, un enfant portant de la pâte à pain ou un homme paré se dirigeant vers la mosquée.

Par où aller ? Comment trouver le bon chemin ? Après un stand ou un tournant, on risque de ne plus reconnaitre le chemin par lequel on est venu, car il peut avoir changé de nom comme pour mieux tromper le touriste. Dans la médina, les règles sont différentes et les rues semblent mener leur propre vie. Le nom de la rue peut changer selon le quartier qu'elle traverse ou selon le type d'artisanat qui y est pratiqué.

Comme les Esquimaux qui utilisent plusieurs termes pour désigner la neige, les Fassis ont plusieurs noms pour décrire les types de rues de la médina. Ainsi, il y a la Talaa que l'on pourrait comparer à une allée, p. ex. Talaa Kbira ou Talaa Sghira. Ensuite, il y a de courtes ruelles, souvent sans issue, appelées derbs ainsi que nombre d'autres qui doivent leurs noms à un édifice connu auquel elles mènent ou à un souk qu'elles accueillent régulièrement.

Il est difficile de s'y orienter, vu que les noms des rues disparaissent soudain sans que la rue elle-même ne tourne, soit coupée par une autre ou se termine. Il en est ainsi avec une des principales rues de la médina, Talaa Kbira, qui mène de Bab Bou Jeloud à l'université el Karaouiyne 090). Une dizaine de mètres après Bab Bou Jeloud, elle devient Cherabliyin (du nom d'une mosquée), puis Terrafine et enfin Attarine (également du nom d'une mosquée) menant jusqu'à la porte de l'université.

Existe-t-il un moyen de se déplacer efficacement dans la médina ? Les Fassis conseillent de s'y... perdre. Selon eux, on ne retrouve le bon chemin qu'après s'être complétement égaré.

Festival culinaire

Cette fête des gourmets, fins connaisseurs et chefs cuisiniers dure trois jours. Le festival attire un public international au sein duquel les uns viennent cuisiner et les autres festoyer.

Le Festival de l'Art Culinaire est organisé à Fès depuis 2006. Il attire des chefs cuisiniers du monde entier qui y viennent pour échanger des expériences, rechercher les origines des plats ou expérimenter différentes saveurs. Lors du festival, ils travaillent dans leurs ateliers (organisés dans les cuisines d'hôtels choisis) et ensuite, servent les plats préparés à ceux qui auront acheté des tickets dans les restaurants sélectionnés. Ainsi, on peut goûter à des desserts, hors-d’œuvre, plats régionaux ou innovations des chefs.