Ceuta


Pour les Grecs anciens, Ceuta fut un pays mystique au bout du monde connu, où la nymphe Calypso emprisonna le plus grand voyageur de tous les temps, Ulysse. Pour les contemporains, c’est une ville cosmopolite, où les Juifs, les Européens et les Arabes vivent en harmonie.

Le nom Ceuta (ou Septa) vient du latin septum, qui signifie sept. II en est ainsi, car la ville fut fondée vers le Ve s. av. J.-C. sur sept collines de même hauteur. Dans l'Antiquité, ces « monts » étaient appelés sept frères. Pour les Grecs anciens, c'était la frontière du monde de l'époque, passant par les légendaires Colonnes d'Hercule, dont le rocher de Gibraltar (426 m) qui se trouve sur la rive européenne. Le titre de seconde colonne, située sur la rive africaine, est discuté entre deux collines : le Monte Hacho (204 m, à env. 0,5 km à l'est de l'actuel port de Ceuta) et Jbel Musa (851 m, à env. 15 km à l'ouest de Ceuta). Dante Alighieri décrivit cet endroit comme un fossé étroit où Hercule posa les colonnes pour que l'homme connaisse ses limites et n'ose les dépasser.

Au cours des siècles, Ceuta passa de mains en mains. Ce port africain, le plus proche d'Europe, constituait une base militaire stratégique, d'où les Arabes partaient dès le VIIe s. pour conquérir la péninsule Ibérique. Ils peuplèrent l'Andalousie et pénétrèrent le continent inconnu. En entrant en possession de Gibraltar au XVe s., le Portugal fit le premier pas vers l'ère des grandes découvertes géographiques. En 1415, le roi Jean 1“ de Portugal, occupa Ceuta. Ensuite, en 1580, quand le Portugal tomba sous la domination espagnole, Ceuta devint un territoire espagnol. Les rois marocains essayèrent sans succès h plusieurs reprises de reprendre cette partie de la côte.

Du port de Ceuta, les marchandises africaines étaient transportées vers l'Europe. Dès le Moyen Âge, les plus riches marchands d'Europe y menaient leurs
Affaires. Aujourd'hui, Ceuta reçoit surtout des ferrys à passagers et, la nuit, des contrebandiers. C'est pourquoi on peut s'y procurer des articles exemptés de droits de douane et d'accise (concerne notamment les cigarettes, les parfums et l'alcool). Il faut cependant faire très attention aux achats, car les douaniers peuvent contrôler les touristes même en dehors de la ville, sur une des routes marocaines. La contrebande est susceptible d'entraîner d'importantes amendes et la saisie des biens.

Ceuta est située sur un promontoire et le centre-ville se situe dans sa partie la plus élevée. À la Plaza de Africa, on trouve les monuments les plus importants, tel le sanctuaire Notre-Dame d'Afrique, construit par les Portugais en. On peut y admirer la piété de Notre-Dame d'Afrique présentant la Vierge noire, une canne à la main gauche, qui, selon la légende, fut celle du premier gouverneur portugais de Ceuta. Autre église catholique à Ceuta, la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption fut bâtie au XVe siècle.

À l'emplacement d'une mosquée. Après de nombreuses modernisations et reconstruction, de nos jours, elle est Mue selon un plan rectangulaire à trois nefs quelle doit aux travaux menés en 1954 et en 1955 sous la surveillance de l'architecte José Gaspar Blein. À ne pas manquer surtout, la chapelle du Saint Sacrement avec son autel baroque, les fresques de Michael Bernardini et trois grandes toiles du XVe s. avec l’image de Notre-Dame.

En prenant le passage principal de la ville de Plaza de Africa dans la direction du promontoire, on arrive jusqu'au musée municipal (esp. Museo de Ceuta) qui se trouve dans un bâtiment néoclassique de 1900. Cinq salles d'exposition servent à présenter des objets issus des fouilles archéologiques et datant du paléolithe, du néolithe et de la période où le nord de l'Afrique était peuplé par les Carthaginois (amphores, pièces de monnaie, armures) et par les Romains (sarcophages et pièces de monnaie). À noter également, la collection de céramique punique et romaine ainsi que des monuments de l'art sacré de la période arabe ; tels des vestiges de décoration de la médersa El Jadida construite au XIVe s., qui ne se conserva malheureusement pas jusqu'à nos jours.

Parmi les éléments caractéristiques de l'architecture de Ceuta, il y a ses murs de défense (esp. Murallas Reales) du XVIe s. fondés le long d'un fossé étroit coupant le promontoire. Une fois sur la couronne, on peut admirer la belle vue sur la ville et la baie de la mer dAlboran (esp. Mar de Alborân) liant l'océan Atlantique et la Méditerranée. Aujourd'hui, les murs servent de galerie en plein air, où l'on présente des tableaux des peintres contemporains lors d'expositions temporaires.

Au nord-est de la Plaza de Africa, on arrive au Monte Hacho (204 m) avec sa forteresse Del Hacho appartenant aujourd'hui à l'Armée royale du Maroc et non accessible aux touristes. Il est cependant possible de visiter le parc San Amaro (esp. Parque de San Arnaro) fondé au XIXe s. au pied du Monte Hacho. Il abrite un petit jardin zoologique, d'où des sentiers mènent vers de nombreux point d'observation. On prend également un escalier abrupt pour arriver à la cour du couvent Saint-Antoine, édifié au XVe s, et offrant un panorama du détroit de Gibraltar et de la ville de Ceuta.