Orange, rouge, rose...

Dans les ateliers de Fès ou de Marrakech, les fils de laine ou de coton sont plongés dans de grandes cuves fumantes de teinture, et brassés sans fin par des hommes. Les couleurs à base de pigments sont aujourd’hui remplacées par des colorants chimiques. Une fois teints, les écheveaux sèchent sur de longues perches de roseau à même la rue.

Dans le quartier des tanneurs, du haut des terrasses plongeant sur les bassins, ces alvéoles à ciel ouvert composent une palette multicolore. Dans les cuves remplies de sel de chaux et de teinture, les hommes immergés jusqu’à la taille rincent et piétinent les peaux. Celles-ci subissent de nombreux traitements, dont l’épilage et l’écharnage, avant d’être tannées.

Une fois teintes et tannées selon une technique artisanale ancestrale.

Les peaux de mouton et de chèvre sont mises à sécher sur les terrasses de la médina ou les collines des environs du hile. Transformées en un cuir imputrescible et souple, elles seront travaillées par les maroquiniers sous forme de poufs, de babouches ou de coussins.

Présentées en vrac en tas coniques ou dans des corbeilles tressées, les épices colorent les étals des marchés et exhalent leurs saveurs piquantes ou douceâtres. Cannelle ocre, paprika rouge, safran orangé, gingembre clair, cumin, muscade...

Ce nuancier aux senteurs envoûtantes contribue depuis des siècles à asseoir la réputation de la gastronomie marocaine.

Agadir la plaine du Sud ou les oranger sont protégés des vents par le versant, est de l’Anti-Atlas. Navels, Sanguinetti, bigarades. Pas moins de cinq variétés d’oranges s’y épanouissent par milliers et arrivent à maturité l’une après 1 autre. Dans les jardins, les fleurs des orangers embaument 1 air de leurs doux effluves.

Babouche et souk

Par milliers aussi, les paires de babouches tapissent les échoppes des cordonniers. À l’origine en cuir, arrondies ou en pointe, elles s babillent aujourd’hui de raphia, de points tapis de peau de serpent... et se déclinent en couleurs.

En février, dans la région de Tafraout, la blancheur éphémère des fleurs d amandiers se mêle au vert des palmiers et aux teintes roses des maisons bâties au pied de roches aux formes étonnantes. Signe avant-coureur du printemps, cette soudaine floraison est célébrée par la fête des amandiers, qui rassemble danseurs, musiciens et conteurs.

Au Maroc, l'amande est l’offrande par laquelle on honore ses hôtes, la reine des fruits secs. On la mange fraîche au début de l'été, on la déguste les jours de fête, en breuvage dans le lait d’amandes, en pâtisserie ou simplement grillée. On la retrouve dans la pastilla, dans certains tajines aux saveurs sucrées-salées. Dans les cornes de gazelle ou dans les dattes fourrées. L’amandier est après l'olivier l’espèce fruitière cultivée la plus importante au Maroc.

Couleur sacrée au Maroc, le blanc exulte sur les fleurs très parfumées du jasmin, une plante originaire d’Asie centrale et de Perse. Si l'Inde et l’Egypte sont les plus grands producteurs de jasmin, le Maroc, l’Italie et la France en fournissent une part importante. Le jasmin fleurit entre juin et octobre. Cueillies à la main avant le lever du soleil, les fleurs sont traitées par extraction : huit mille fleurs sont nécessaires pour récolter un kilo de jasmin, et 750 kilos de fleurs donnent un kilo d’absolu.

La ville bleue Chefchaouen

Bleu-blanc comme les eaux de l’Atlantique, sauvages et écumantes, qui se bousculent au pied des falaises ou s’éteignent en atteignant le rivage de sable. Bleu-blanc des villes côtières, bleu des barques de pêche sagement alignées dans le port d’Essaouira. Bleu-blanc de la céramique de Fès aux gracieux dessins, la plus fine et la plus travaillée des poteries marocaines.

Blanc des vêtements traditionnels et des murs peints à la chaux, blanc de la graine de semoule de blé ou d’orge enrobée d’un peu de farine et d’eau, base du couscous.

Chefchaouen invite à la flânerie. Dans cette charmante petite ville du H if. La chaux blanche mêlée de pigments bleus conserve la fraîcheur et éloigne les insectes. Les ruelles jouent avec la lumière, s’enfonçant sous les voûtes qui relient les maisons entre elles, tandis que le reflet de la chaux feint la couleur froide du glacier,

On grimpe deux marches, on bifurque sur la droite avant de déboucher sur une place.